Le Pont de la Chenailletaz

pont de la ChenailletazC’était un autre temps, un temps où les voitures se faisaient rares, où les transports en commun n’existaient pas, un temps où les enfants allaient à l’école à pied par tous les temps, un temps pourtant pas si lointain.

Le petit pont de la Chenaillettaz était le passage obligé des écoliers habitant le lieu-dit de chez Bolliet. Un ouvrage en pierre, maintenant caché par la végétation qui ne se laisse pas voir facilement. Pour le trouver il faut le vouloir, enjamber un fil de fer, parcourir un champ, s’enfiler sous les bois pour le découvrir là, bien caché et protégé par les arbres qui l’entourent. Il est toujours traversé par la Chenaillettaz, un petit ruisseau qui prend sa source au-dessus de la Thouvière.

Il a connu bien des pas d’enfants et s’il pouvait parler, il nous raconterait beaucoup d’histoires, des histoires d’enfants bien sûr. Il nous dirait que plusieurs générations l’ont emprunté, que les enfants des familles Dubouchet et Dusonchet l’ont piétiné, martelé avec leur sabots, parfois doucement souvent rudement en courant. Il se souvient de Justin, de Clotilde, de Gustave, de Mathilde, de Lucien, de Casimir, d’Aimé, d’Emma et de bien d’autres. Ils ont tous grandi, sont devenus des femmes et des hommes. Certains sont encore parmi nous.

Les enfants le traversaient pour monter en direction de chez Fauraz, là où Clément, Marcel, Henri...les rejoignaient pour ensuite gagner l’école du Sappey. L’hiver, les enfants emmenaient leur repas et ils mangeaient sur place. Et quand la température devenait trop rude, que le neige tombait, que les chemins n’étaient plus praticables, les enfants restaient chez eux bien au chaud. Alors le petit pont de la Chenailletaz recouvert de son manteau blanc, attendait patiemment les jours meilleurs et le retour des pas d’enfants qui rompaient son isolement et son silence.

Le temps a passé, le pont n’est plus emprunté pour se rendre à l’école du village, Dame nature a repris ses droits. Pourtant, il y a encore aujourd’hui quelqu’un qui continue à lui rendre visite : c’est Gustave.... enfant devenu grand. Et cet hommage c’est Gustave qui le lui rend, histoire de dire à ce petit pont qu’il ne l’a pas oublié.